Et d’abord, comment appelle-t-on les habitants de Séoul, hm ?
Je suis ici depuis hier ; quelques heures de ballades à pied, quelques images dans la tête. De toutes façons je n’en verrai guère plus : séminaire, taxi, aéroport et avion…mais quand même. Impressions.
La dame d’un certain âge, très belle et très élégante –tailleur années 30 et talons hauts—qui me dépasse à petits pas précis, pressés, pètants (la secrétaire dans « Mon oncle ») –et qui, en me dépassant, se racle la gorge, renifle comme un lavabo qui se débouche et lâche un molard XXL, avec force et précision (je passe sur les aspects les plus croustillants de la chose) ; tout ça ‘without missing a beat’ comme on dirait en english ; traduire par ‘sans solution de continuité’ ? Mh, je le sens pas, là.
Les restaurants de poisson, omniprésents, avec les aquariums à même le trottoir : les crabes maousse, araignées aux pattes infinies ; les plies empilées au fond, en tas comme des feuilles mortes ; des espèces de gros escargots de mer ; et le plus beau, les holothuries (« concombres de mer »;mais ce ne sont pas des légumes) : il faut imaginer un plein aquarium de bites énormes, roses et lisses, qui s’agitent vaguement dans l’eau, se plient et se déplient languissamment –c’est hilarant et obscène—et la question ‘turellement c’est ‘mais comment qu’ça s’mange ?’…
On voit toutes sortes de poissons ; beaucoup d’anguilles ; un tas d’autres que je n’identifie pas ; et des trucs surprenants : quelque part un petit bocal de scatophagus argus, poisson fort recherché des aquariophiles d’eau de mer ou d’eau saumâtre…
À ce moment, un flashback inattendu : sur un menu à Tel Aviv, il y a quelques années, la carte proposait des « veal tonsils »—j’avais bien aimé l’idée des « amygdales de veau », ça change du ‘ris’ finalement un peu faux cul, non ? (anatomiquement c’est inexact, le ris c’est l’hypophyse le thymus, je crois bien).
Ailleurs, un petit poulpe misérable, tout seul au milieu d’un gros aquarium, immobile ; je lui trouve un air sidéré, frileux (il finira en beignet –j’ai goûté, c’est très bon).
Il y a aussi le ‘local English’ –j’aurais pu ouvrir une rubrique rien que là-dessus au cours de mes pérégrinations… ici j’ai vu un « Cockateil Bar » de toute beauté…
Autre image forte (dimanche soir, moment d’intense activité) les ‘corean barbecues’ sont au centre d’une chaîne de production fascinante : de jour, on voit essentiellement des étendues de parquet, avec de place en place des petites tables basses (vraiment basses : 60 cm maximum) rondes, avec au centre un trou rond avec un couvercle. (dans les restaus plus huppés, il y a un gros tube annelé, genre flexible de cheminée, qui pend au milieu, au dessus du trou ; c’est l’extracteur d’air ; ça sent fort). Sous le couvercle se trouve un petit braséro très simple : une casserole en métal munie à quelques centimètres du fond d’un plaque trouée (pour la circulation d’air et la récupération des cendres).
À l’extérieur (dans la rue) on a des petites usines à braise : un poêle ouvert en bas, qu’on recharge à feu continu, par le haut, de drôles de petits charbons en forme d’écrous de 5 cm de haut ; et dont les ravitailleurs retirent des charbons ardents, au fur et à mesure, pour remplir vite-vite les braséros, et les livrer vite-vite dans les restaus, au centre des tables, un grille posée dessus, et voilà le gril prêt à fonctionner.
C’est un mouvement ininterrompu, circulaire, hypnotique : des braséros vides qui vont vers la ‘centrale’ aux braséros pleins qui vont vers les salles –imaginez ça le soir, dans les lumières électriques des néons—et entre deux, les grilles sont sorties, récurées et retournées sur les tables. Ça chôme pas.
Ce qu’on voit en premier, par les portes grandes ouvertes sur la rue, c’est la montagne de pompes à l’entrée (on se déchausse et on s’assoit par terre) : Puma-Nike-Reebok-Adidas, mais comment ils font pour pas se planter en les reprenant ?
À part ça, à midi, mon client m’a amené dans un restaurant ‘italien’ !